Articles de presse


Le jeu des sept erreurs

Layadi Nacer-Eddine

À ceux qui, dans les années soixante- dix du siècle dernier n’achetaient les journaux que pour  les  mots croisés et les mots fléchés pour se distraire , je présente un jeu auquel ils étaient également habitués et  qui leur permettra de surmonter leur oisiveté, tout en renforçant leurs capacités d’observation. J’espère pouvoir leur faire revivre un petit moment de nostalgie : il s’agit du jeu des sept erreurs.
Afin de rafraichir leur mémoire , affaiblie  par l’âge, j’en ai  simplifié, a dessein, le principe tout en  modifiant un petit peu  les données.
À défaut de m’adonner à l’art de la caricature que je ne maitrise pas, je me contenterai de présenter un texte juridique, celui portant sur la composition de l’Instance de régulation de l’audiovisuel. Et je sollicite les lecteurs, plutôt les joueurs, d’y détecter les sept erreurs- dans les deux copies – dont ,en plus, les législateurs de deux pays africains revendiquent la paternité.

La première copie stipule que l’Instance de régulation de l’audiovisuel est composée de neuf membres nommés par décret présidentiel pour un mandat de 6 ans non renouvelable. Cinq membres, dont son président, sont désignés par le président de la République,  alors que deux membres non parlementaires, sont proposés par le président du Sénat et deux autres membres non parlementaires, proposés par le président du Parlement.
Quant à la deuxième copie, elle stipule que cette instance comprend également neuf membres nommés par le président de la République dont son président , un membre issu des mouvements des associations féminines, un autre issu du milieu des professionnels de la communication audiovisuelle , une personnalité qualifiée du milieu des arts  , une autre qualifiée du milieu des lettres , un membre issu de la communauté universitaire , trois autres membres  du mouvement des droits de l’homme, du Conseil national de la Jeunesse et des associations de personnes du troisième âge.

Pour participer à ce jeu, chaque joueur est appelé à découvrir les sept erreurs dans cet article et de préciser quelle est la copie de chaque pays. L’heureux gagnant aura dix exemplaires de la loi sur l’audiovisuel des deux pays! Et afin d’aider les concurrents et de leur épargner  tout recours à notre cher ” Google” ,on les orientera vers le texte original que les législateurs des deux pays africains ont “copié” sinon plagié. S’agit-il de plagiat ou d’intertextualité  ce que les critiques littéraires et autres écrivains utilisent à tort et à travers? Jugeons en :
l’original de l’article stipule que la loi sur l’indépendance de l’audiovisuel public fait progressivement passer les membres de cette instance de 9 à 7 membres dont trois sont désignés par le Parlement et les autres par le président du Sénat. Quant à son président ,il est désigné par le président de la République.
Il ne reste plus à ceux qui n’ont pas le sens de l’observation bien développé ,qu’a se contenter de revoir le sens du verbe copier une loi . Cela veut dire tout simplement reprendre certaines de ses lettres et la délester de son esprit ,au nom d’une certaine spécificité politique et culturelle

 

Suspicion de la littérature, tricherie de la presse

Layadi Nacer Eddine

Dans son œuvre Suspicion et littérature , l’universitaire marocain Abdelfattah Kilito, expose les différentes formes de suspicion que les écrivains  exprimaient dans les textes de la littérature arabe classique. Il cite, à titre d’exemple, Schéhérazade, l’illustre narratrice des Mille et Une Nuits. Celle- ci insinuait  que son rôle se limitait à raconter les contes d’un auteur  anonyme. Cela pouvait se vérifier par la phrase qu’elle ne cessait de répéter chaque nuit:  «  il est porté à ma connaissance, mon roi bienheureux

Ce principe est bien respecté aussi par les  célèbres auteurs des  Maqâmât – récits courts et indépendants en prose rimée – nous dit-il. Ils les ont attribués  à des personnages fictifs. L’un de  ces célèbres écrivains, en l’occurrence “Badî’ al-Zamân al-Hamadhânî ” , précisait que ses contes lui ont été racontés par Issa Ibnou Hicham. Tandis que ceux dAl-Ḥarîrî  sont contés par Abou-Zei͏̈de al Saroudji .

  Abdelfattah Kilito  dit que ces auteurs ont bien compris qu’il fallait être  suspicieux,   ne pas dire les choses ouvertement, afin de  n’encourir aucun risque. Et pourtant  les Maqâmât ne sont que des conversations, des allocutions et des subtilités  poétiques démontrant l’éloquence du discours.  Mais l’universitaire  marocain a tenu à préciser que la création  littéraire exige une certaine prudence, vigilance et crainte afin d’éviter tout harcèlement ou persécution. L’exemple d’ Abdallah Ibn al-Muqaffa est édifiant, à ce titre. Il était très vigilant dans ses écrits au point qu’il a versé dans la symbolique en utilisant des fables dans lesquelles les animaux donnaient avis et conseil sur le pouvoir, la gouvernance, la justice, l’amitié et l’hostilité. Malheureusement sa vigilance ne lui a pas servi. Ses écrits lui ont couté la vie d’une manière cruelle et tragique.

Certes, la vie a changé et les écrivains et autres créateurs jouissent aujourd’hui beaucoup plus de la liberté  de penser et de s’exprimer que jadis. Mais la littérature ne faisait pas l’objet de suspicion seulement , elle était  également et demeure l’objet de responsabilité. C’est la raison pour laquelle le philosophe et essayiste musulman  Abû Hayyân al-Tawhîdî  a tenu à mentionner, avec force  détails, les sources de ses trente-sept discussions philosophiques et littéraires rassemblées dans son œuvre ” Al-Imtâ’ wa-l-mu’ânasa  (Plaisir et convivialité).

C’est l’esprit de responsabilité qui a incité également le grand écrivain  alJāḥiẓ à faire précéder ses écrits par des phrases succinctes priant Dieu de l’épargner du bavardage et des médisances.

 Si cette pratique était la règle des  anciens hommes de lettres arabes ,est-ce c’est le cas des journalistes aujourd’hui?

Ces derniers nous inondent de nouvelles dont une partie ne se réfère à aucune source même des plus  douteuses. Ils profitent de la méconnaissance par le public des secrets de la production de l’information.

On peut se demander comment un journaliste peut  nous informer des événements dont il n’était ni  acteur ni témoin direct,  sans se fier à une source précise? On sait que l’information n’est  pas le produit de l’inspiration mais au contraire elle est l’aboutissement d’un travail de collecte, de recherche , de recoupement, de comparaison et de vérification. Ceci est connu par tous les journalistes, alors pourquoi certains médias  “omettent”- ils de citer leurs sources et s’attendent, en plus, qu’on leur accorde du crédit ?

Certes, les medias se trouvent, parfois, dans des circonstances les obligeant à camoufler leurs sources en des termes génériques tels que”: de  source bien informée,  autorisées, sûres, concordantes, proches de.. etc…” C’est-à-dire lorsqu’il s’agit de rapporter un événement très sensible ou traiter un sujet délicat qui peut porter préjudice aux personnes par qui l’information à pu parvenir aux journalistes.  Le fait de dissimuler les sources d’information pourrait être dû  aussi à la volonté des journalistes de préserver leurs relations avec certaines personnes détentrices de l’information et de ne pas trahir leur confiance au risque d’être manipulés.

Compte tenu de l’importance des sources d’information pour les médias,  les lois régissant la profession du journalisme dans certains pays démocratiques  accordent aux journalistes  le droit de ne pas divulguer leurs sources d’information. Mais les medias  qui usent et abusent des sources occultes ne perdent pas leur crédibilité par tricherie mais par peur du ridicule. Les exemples suivants en sont les parfaites illustrations:

Une chaine  de télévision algérienne nous a informé le 1er septembre 2014 à 4 heures du matin que l’épicentre du séisme qui venait de frapper Alger se situait à Bainem. Et elle   ajoutait,< selon notre propre source>.On peut –on se demander, alors, qu’elle est cette source qui à refusé de décliner son identité , pour  révéler une information aussi grave?

Un journal algérien de grand tirage à publié sur son site internet la nouvelle suivante : < en rentrant à son domicile après une pénible  journée de travail, il trouva sa femme, au lit, dans les bras de son amant. Alors il les tua et se suicida par la suite sur- le- champ>. La scène se déroula sans témoin!  Il va sans dire que le journaliste ne précisait ni la date ni le lieu exact du crime! La réaction des lecteurs ne s’est pas fait attendre. L’un deux s’est adressé à son rédacteur en ces termes  : « mais où étiez-vous au moment du crime pour que vous puissiez nous raconter cette histoire? »

Àu vu de  telles pratiques , les lecteurs pourraient être compréhensifs  à l’égard du manque de vigilance des journalistes, voire leur irresponsabilité et tromperie. Mais pourront-ils supporter puis pardonner leur manque d’intelligence ?

 

  

Les remords d’Al-Jawzi

Layadi Nacer eddine

Comme dans un rêve, j’ai vu Abu Al-Faradj ibn al-Jawzi, l’éminent savant musulman des XIIe et XIIe siècles, se mordre les doigts d’avoir écrit :” Akhbar Al Homka wa al moughafaline” , ( Nouvelles des sots et des imbéciles). Il s’est rendu compte qu’il s’est trompé et nous a induit en erreur en écrivant  entre autres: ” Si l’imbécile est privé de plusieurs facultés humaines, il ne pourra  pas être dépourvu de l’aptitude  de la réponse hâtive, de tourner son regard  au- delà de son interlocuteur  et de propager des potins et raconter des médisances”. Comment ne regretterait-t-il pas d’avoir écrit sur les potins et autres imbécillités qu’il  considérait comme des idioties alors qu’elles sont, aujourd’hui, monnaie courante et font  le bonheur de la presse à sensation ? Quant au fait de ne pas fixer du regard les gens à qui on  adresse la parole, c’est même  devenu un signe de sagacité

Il est clair que les enfants du web 2.0 ne peuvent pas nous parler sans quitter des yeux l’écran de leur téléphone portable ou tablette occupés à lire des SMS, à envoyer des tweets ou encore à suivre un match à la télévision, etc., C’est la “Multitask generation”, l’expression si chère aux anglophones laquelle signifie ” génération qui fait plusieurs choses à la fois”. Par contre ceux de l’ancienne génération, celle de l’ère analogique, se contentaient souvent de ne faire une seule chose. Et lorsque l’un d’eux s’efforçait de faire deux ou trois choses à la fois,  il échouait lamentablement, probablement  en raison du manque de concentration

Répondre hâtivement et vite est devenu une exigence de nos jours et qui fait oublier que la réponse pesée et réfléchie signifiait autrefois  sagesse de l’esprit et  sobriété de la pensée. A l’inverse,  toute lenteur est considérée aujourd’hui comme un manque de vivacité et de perspicacité

Dans son œuvre : “l’accélération. Une critique sociale du temps”, le philosophe allemand Hartmut Rosa note que nous assistons à une accélération inédite du rythme de la vie au point que nous sommes devenus les victimes d’une nouvelle forme d’aliénation liée au fait qu’à aucun niveau nous n’avons de prise sur cette accélération dans tous les domaine

Submergés par cette accélération, nous nous  plaignons souvent du manque de temps alors que, paradoxalement notre temps libre est en nette progression! Nous avons  cru que la technologie nous ferait gagner beaucoup de temps, mais on s’est aperçu rapidement (sic ) qu’on devrait lui consacrer plus du temps pour en profiter. Ce qui réfute la thèse  selon laquelle  dépenser le temps constitue le grand défi que l’humanité devra affronter à l’avenir.

Certes beaucoup de gens ne savent pas quoi faire de leur temps. Et supportent mal de trop en voir, chose qu’ils l’assimilent à l’ennui. Ne dit-on pas en Algérie qu’on va” tuer” le temps? Une façon de dire qu’on lutte contre l’oisiveté. Cette expression corrobore l’idée selon laquelle la richesse des nations évolue d’une manière disproportionnée avec l’abondance  du  temps dont elles disposent

  À lire l’œuvre d’Al-Jawzi à l’aune de notre quotidien, on peut tout lui pardonner . Il nous a invité au moins à nous poser la  question suivante : Les idiots et autres sots sont-ils devenus des gens normaux ou bien les gens normaux sont  les sots?
Peut-être il sera t il heureux pour ses ” sots et imbéciles “qui ne devront pas subir l’angoisse du “vivre ensemble séparément!” C’est l’expression inventée par des sociologues pour résumer la crainte de voir la vie familiale perdre son caractère de convivialité et d’échange face au déclin des loisirs et autres distractions collectives.

 Les femmes du photoshop

Layadi Nacer eddine

Qui aurait prédit l’ampleur du succès du ” Photoshop” dans notre vie professionnelle et sociale? Probablement personne,y compris son  propre inventeur: Thomas Knoll. Cet étudiant en post- graduation à l’université du Michigan aux USA, ne croyait pas un instant que son invention allait bouleverser nos rapports à l’image et marquer profondément l’histoire du graphisme.L’histoire commerciale du” Photoshop” commença en 1990 avec un premier contrat signé avec la société Apple. Et depuis, il est consacré outil fabuleux des retouches de l’image, de sa correction et des trucages de la photo
Ce n’est pas un hasard si la première image ” travaillée” par ” Photoshop” était celle d’une femme en l’occurrence, la Suédoise Lena Söderberg un top-modèle, à qui le magazine de charme Playboy consacra en novembre 1972, sa couverture. Elle a mérité le titre de première dame d’Internet pour son image” photoshopée”. Celle-ci a permis “de bien tester les différents algorithmes de traitement d’images “. Donc c’est l’image d’une femme et non d’un homme qui inaugura l’histoire du Photoshop.  Depuis, ce programme a traité  plus d’images de femmes  que d’ hommes. Les spécialistes en la matière estiment qu’entre 80 à 90% de photos de femmes sont ” photoshopées ” par des agences de publicité et de mannequins, et les rectifications qu’elles subissent touchent 50 à 75% de la surface de la photo, afin de les embellir et mettre en valeur leur féminité.
Il est évident que les techniciens se surpassent lorsqu’il s’agit de photos d’actrices et d’artistes et de top-modèle. Il leur faut plus de patience et de ténacité pour effacer les rides de leur visage , atténuer certaines rondeurs de leur corps et concilier surtout leurs désirs avec les normes d’esthétique exigées par les agences spécialisées en communication et publicité. Par contre les photos des hommes ne nécessitent presque aucun effort puisqu’il s’agit de refléter au mieux leur état naturel, voire brut, outre que l’homme est exempt de tout reproche sur son aspect physique– culture macho et  philosophie de l’esthétique de la laideur obligent.

Certains considèrent que rectifier une photo est une pratique normale et acceptée par tous . Elle constitue une suite à la logique de l’acte même de photographier lequel exige une sorte de mise en scène préalable:  choix d’une posture face à la caméra,  maquillage, éclairage, angle de prise de vues,  cadrage,  plan de la photo…

Dans ce sens, la technique numérique a offert des moyens idoines pour mieux maîtriser les paramètres techniques de la photo et par conséquent sémantiques. Elle a permis la rectification d’une mise en scène postproduction.

Ce qui inquiète, probablement, dans l’usage du Photoshop ce n’est pas tant la démocratisation du trucage des photos –car n’importe qui peut désormais, avec peu de moyens et de connaissances techniques, inventer des photos imaginaires– l’inquiétude vient du fait  de la valeur ajoutée qu’apporte le Photoshop à l’image, pour en devenir une référence en se substituant à la réalité. La preuve a été donnée par les fans du mannequin américain Cindy Crawford. Ils ont désapprouvé, en décembre 2013, la photo publiée dans l’édition mexicaine de la revue Marie Claire car elle y apparaît naturelle,sans artifices! C’est-à-dire qu’elle n’a pas bénéficié de l’apport esthétique des pixels afin de corriger ses défauts physiques apparents … Ainsi le Photoshop est devenu ,paradoxalement, la preuve intangible de l’authenticité des personnes!

Certains essaient de démontrer le bien-fondé de l’usage du Photoshop et autres logiciels traitant l’image numérique de la femme , argumentant que la recherche de la beauté  est une constante féminine et humaine. Le   recours à la chirurgie esthétique pour certaines, en est la preuve et ce phénomène a bien existé avant même  l’invention des logiciels qui a révolutionné l’esthétique de l’image. Peut–être le photostop nous rappelle-t-il  que le mot image n’évoque plus une représentation visuelle, mais une ressemblance et que désormais, c’est la quête de ressemblance qui pose problème

Outil génial et précieux pour les médias, le photoshop   aide à  la fabrication de l’image de femmes  « parfaites »  et encourage celles qui  veulent leur  ressembler. Heureusement que la chirurgie esthétique existe disent les uns; mission impossible disent les autres, dans la mesure où la femme parfaite est irréelle , un produit purement imaginaire

La chirurgie esthétique pousse, certainement, l’imitation du corps vers son point extrême,  néanmoins elle pourrait  constituer, aussi, un handicap pour la communication, notamment non-verbale. Le langage du corps est silencieux. Il exprime les attitudes et les émotions qu’il est difficile de contrôler.   Or le fait  d’injecter du silicium et autres botox, pour gonfler les lèvres ou effacer les rides, diminue énormément  la contraction des muscles du visage. Il porte même préjudice à toute communication implicite laquelle s’appuie plus sur l’expression du visage

Finalement, peut-on dire  qu’on perd en communication ce qu’on gagne en esthétique

 

La pensée barbelée

Layadi Nacer Eddine

Dans son livre ” Histoire politique du barbelé”, le philosophe Olivier Razak pose la question suivante: pourquoi certains pays utilisent-ils encore le fil barbelé, qu’on  nommait autrefois corde du diable, et ce à l’ère des caméras de vidéosurveillance très sophistiquées, de l’identification biométrique et du GPS qui signale le moindre mouvement ou déplacement dans les endroits les plus éloignés du globe terrestre et peut même détecter les richesses sous-sol. Le même philosophe nous enseigne que le fil barbelé, cet outil agricole ingénieux, a été ulilisé pour la première fois, en 1874, par l’Americain Joseph Glidden, fermier de son état. Il lui a suffit de doter le fil de fer de boucles épineuses pour protéger ainsi ses droits de  propriété. L’armée américaine, qui avait  trouvé cette invention géniale, n’a pas tardé à s’en accaparer. Et depuis, cette invention s’est répandue dans presque tous les pays du monde. On peut citer à titre d’exemple la France qui l’utilisa, de 1828 à 1940, dans la construction de la ligne Maginot afin de fortifier ses frontiéres avec les pays limitrophes et la Hongrie qui en  a fait autant pour empêcher les immigrés clandestins en provennance de l’Autriche de pénétrer dans son territoire.

L’utilisation du fil barbelé s’est accélérée pendant et depuis la Deuxième Guerre mondiale pour délimiter les champs de mines. Peu d’Algériens se souviennent  peut-être encore de la ligne Challe qui a été construite à partir de 1957 par l’armée coloniale. Son concepteur, le général Maurice Challe, commandant en chef des armées en Algérie, voulait que cette ligne barbelée, minée et électrifiée tout au long des frontières avec la Tunisie, servit à mettre fin à l’approvisionnement de la révolution algérienne en armes et munitions provenant de la Tunisie.

Il est clair que la l’utilisation du fil barbelé séparant les êtres humains contredit le discours sur la mondialisation qui s’efforce de convaincre les plus réticents à la libre circulation des biens matériels et les êtres humains. Mais le constat de cette contradiction peut occulter la portée symbolique du fil barbelé illustrée par l’agressivité en rapport aux poteaux en bois reliés par une corde, et l’exclusion qui fait dire à Olivier Razak que ce fil réserve le même traitement aux êtres humains qu’aux animaux!

L’histoire des lignes de fil barbelé peut faire croire qu’elles ne constituent pas le prolongement historique des murs et autres murailles. Effectivement le mot «  mur » ,dérivé du latin « murus », signifie « obstacle » protégeant les habitants de la Cité des attaques étrangères et des razzias. Il sépare les braves gens des mauvais. C’est la raison pour laquelle  les murailles étaient considérées comme le symbole du pouvoir central et centralisateur. Et leur démolition dénote la fin des Empires.
Certains prédisent que le fil barbelé va mettre fin à l’édification des murailles en les remplaçant,   vu qu’il peut prendre en charge  l’essentiel de  leurs fonctions. Mieux encore, ce fil peu coûteux et adaptable répond  à des besoins trés variés: délimiter les pâturages, fortifier les sites militaires, chasser les chiens errants et autres animaux en les éloignant des propriétés privées, départager les biens fonciers etc.… Malheureusement , la réalité contredit toute prédiction dans ce domaine car on n’a pas cessé de construire des murailles depuis le IIIe siècle av. J.- C  séparant les êtres humains et les  dressant les uns contre les autres.  Cette construction-là  a mis en doute les différents récits des idéologues de la mondialisation et de l’internet qui n’ont pas cessé de promettre à l’humanité un avenir radieux : l’abolition des frontières, une communication riche et instantanée instaurant la confiance et la compréhension mutuelle qui font oublier les guerres et autres conflits armés!

Certes les frontières qui séparaient les pays démocratiques du Nord sont abolies et le fer barbelé a largement déserté le paysage des démocraties libérales. Mais est-ce que ce progrès constitue  une raison suffisante pour se réjouir? On pense que le plus dur reste à faire. Il consiste de se libérer de  « la pensée barbelée ». Celle qui se concrétise par les stéréotypes et autres clichés véhiculés par les messages publicitaires, les films , les caricatures, les bandes dessinées et animées, les news et les contes populaires.

Il semble que les stéréotypes, tribut de la diversité culturelle, religieuse et linguistique, remplissent les mêmes fonctions que le fils barbelé d’une manière soft mais dangereuse. Ils fortifient l’ego collectif, délimitent ses frontières,  méprisent  autrui , l’étranger et le trouvent bizzare et barbare. Ils le poussent avec agressivité vers l’isolement sinon à l’exclusion.

—————————————————————————————————————-

                                                   

 Aidez-nous à voir

Layadi Nacer-Eddine

 

 Dans son ouvrage ” Les fils des jours”, l’écrivain uruguayen Eduardo Galeano  raconte qu’un de ses amis lui avouait, un jour, qu’il avait vu la mer seulement  à l’âge de sept ans, alors qu’il était en compagnie de son père. Il  fut tellement étonné  de la couleur de la mer, de sa beauté, de son immensité et du bruit des vagues, qu’il se mit à crier : « Père ! Aidez-moi à voir ». Certains s’étonneront, à juste titre, de la demande de cet enfant. Elle  paraît, à première vue, incongrue: comment aider un non-aveugle à voir les choses placées en face de ses yeux?  Galeano, lui-même, a essayé d’y répondre en se référant à la propre expérience de l’écrivain américain James Baldwin. Ce dernier était en 1944 en compagnie de son ami, un artiste- peintre, arpentant les rues de New York. Alors qu’ils étaient à l’arrêt à un feu rouge, son ami lui demanda de regarder par terre. Arthur Baldwin obéit mais ne trouva rien, à l’exception d’une petite flaque d’eau stagnante. L’artiste insista, lui demandant de regarder davantage. Et alors, il vit un arc-en-ciel constitué par des gouttes d’huile dégagées par les voitures, et qui brillait de toutes les couleurs. Mais en plus, devant l’insistance de l’artiste,  il arriva  finalement à voir, en cette flaque d’eau, le reflet d’une partie de la rue : grattes- ciel,  gens de tout âge vacant à leurs occupations… C’était magnifique, « une véritable toile de peinture »  dira-t-il. Cette histoire lui  servit de leçon dans la vie, dans la mesure où elle lui avait appris comment voir  le monde qui nous entoure. Et elle nous enseigne, à nous aussi, que les artistes peuvent aiguiser notre curiosité, nous aider à voir clairement le monde sensible, en attirant  notre attention sur l’ambivalence de nos comportements quotidiens et sur les détails de notre vie sociale  qui constituent l’essence de notre humanisme.

Les journalistes et leurs  médias pourraient s’inspirer de l’œuvre de l’artiste- peintre dans les efforts qu’ils déploient pour nous informer et nous distraire.

Certains d’entre-eux  affirment qu’ils sont à l’œuvre pour nous éclairer sur l’actualité du jour et nous aider à surmonter les difficultés de notre vie quotidienne.  Ce n’est pas  l’avis de tout le monde.

 Les critiques des médias sont montés au créneau pour dénoncer ses dérives qui poussent de plus en plus vers l’émoussement de notre curiosité. Ils démontrent, preuve à l’appui, que désormais le choix de l’actualité à diffuser s’opère en fonction de l’intérêt qu’elle procure aux médias eux-mêmes  plus  qu’à ce qu’elle représente pour le public. Ignacio Ramonet , l’ex- directeur du « Monde diplomatique », par exemple, attire l’attention sur le fait que même la véracité d’un événement ne se réfère plus à des critères objectifs, rigoureux et vérifiés à la source, mais tout simplement parce que d’autres médias le répètent et le propagent.

L’un des plus fervents critiques des médias,  Pierre Bourdieu en l’occurrence,  assimilait le travail des médias au tour de passe- passe d’un magicien!  Il disait qu’ils attirent l’attention du public vers une chose pour en occulter, avec finesse, une autre. Les exemples sont édifiants à ce titre. Les médias ont braqué, en 2011, leurs projecteurs sur la mésaventure amoureuse de l’ex- directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn, afin d’occulter les retombées de la crise économique mondiale et passer sous silence le début de la protestation populaire contre la politique dudit Fonds.

La mise en scène, le 9 avril 2003, du démantèlement de la statue de Saddam Hussein, immortalisée par les caméras du monde entier, n’avait pas pour seul objectif de nous informer d’une manière théâtrale de la fin du règne du dictateur de l’Irak, mais de passer sous silence  la destruction de la ville de Bagdad et surtout le pillage des richesses économiques et culturelles de ce pays, dont les musées.

Les médias, disait Pierre Nora, n’agissent pas seulement comme des moyens pour lesquels les événements seraient relativement indépendants, mais comme la condition même de leur existence. Ils en soustraient la dimension historique, la remplaçant par des news spectaculaires et fugaces dénudés de tout enjeu. Ils traitent, disait-il, les événements avec la logique du film qui éblouit par son décor pour camoufler la médiocrité du scénario.

Certes on peut essayer de justifier toutes les pratiques des médias, même le fait de persister dans leurs errements, par manque de moyens, face à la concurrence déloyale et l’insuffisance de la formation de leurs journalistes… Mais arriver à dire qu’on a les médias qu’on mérite, c’est prendre la défense de ceux, dont  John Milton disait : « Ils ont crevé les yeux du peuple et lui reprochent d’être aveugle. »

————————————————————————————————-

 ! Les personnages de Peter Bichsel

Layadi Nacer-Eddine

Rares sont  ceux qui lisent la nouvelle ” Une table est une table” de l’écrivain suisse Peter Bichsel rester indifférents. Et pourtant elle est très simple. Elle raconte l’histoire d’un vieillard, cloitré dans son minuscule appartement, lassé de la solitude et de la monotonie . Il passe la journée entouré par les mêmes objets rudimentaires : un lit, une table, une chaise, un tapis, un réveil, un miroir, un portrait et un album. Il s’est posé, pour chasser l’ennui, des questions du genre: Pourquoi appelle-t-on les choses par un nom usuel? Comment les gens arrivent-ils à se comprendre en utilisant des mots en différentes langues? Et si on  changeait les noms des choses pour voir ?Et de mettre aussitôt l’idée à exécution . Désormais il va renommer le lit ” portrait”, la chaise “réveil”, la table  “tapis” le journal  “lit”, le miroir ” chaise”, etc. Ainsi il commençait à raconter sa journée en rebaptisant toutes les choses. Il disait par exemple : le matin je suis resté longtemps au portrait, à neuf heures l’album sonna. Je me regardais dans la chaise accrochée au mur…Ee ainsi de suite , ce jeu lui plaisait beaucoup au point qu’il notait les nouveaux mots dans des cahiers d’écolier achetés pour la circonstance

A travers cette fable si l’on comprend aisément que le vieillard a pu, par ce jeu, vaincre son ennui en se trouvant une occupation, néanmoins il s’est enfoncé davantage dans sa solitude dans la mesure où il franchit l’ultime étape de l’isolement et l’incommunicabilité. Il oubliait de plus en plus les vrais noms des choses tout en apprenant les nouveaux noms sans que ça l’aide à communiquer avec autrui !

La lecture de cette nouvelle incite également à être très méfiant et à prêter plus d’attention aux mots. Si on entend les gens parler, par exemple, de ” démocratie” de “parti politique” d’élections” de “parlement” de “liberté d’expression ” il faudrait se poser les questions suivantes: est ce que ces mots-là ont gardé leur sens initial? Nos interlocuteurs ne sont- ils pas influencés comme le personnage de ladite nouvelle ?

Certes Peter Bichsel ne pose  pas seulement, à travers cette nouvelle, une question purement linguistique. Il pose sérieusement un problème sémio-politique

La malchance de notre vieillard est due au fait qu’il se trouve dans une société qui le condamne au silence en raison de son  incompréhensible jeu. S’il vivait parmi nous il trouverait certainement des gens plus compréhensifs  et qui le jugeraient  même  éloquent! Ce jugement n’est probablement pas dû au monde des  métaphores dans lequel nous vivons mais à la nature implicite de notre communication. Cela dit le sens recherché de cette communication n’est pas exprimé par les mots mais par les non-dits, “maitres silencieux de notre destin” ! On tourne autour du pot sans aller tous droit au but. Bref, on n’appelle pas un chat un chat.

Certains se sont intéressés à la portée symbolique de cette fable. Ils ont en déduit qu’elle annonçait l’avènement d’une société de l’incommunication où les mots perdront toute signification et ne serviront qu’à instaurer” le politiquement correct”

Quoique exagérée, cette déduction-là justifie la question posée par le dramaturge français, Eugène Ionesco : “les racines des mots sont-elles carrées    ?”

Voyez bien chers lecteurs que votre serviteur n’a  pu échapper lui aussi à l’emprise de la communication implicite qui a façonné notre culture. Peut-être sommes – nous tous devenus des personnages de Peter Bichsel!

———————————————————————————————–

 ! Je pars… sans intention d’arriver

Layadi Nacer Eddine

Dans son dernier ouvrage  ” Les fils des jours”,  Eduardo Galeano  raconte l’histoire insolite suivante: Juan Carlos Dalphus était, au début du xx siècle, le plus célèbre pilote  de voiture de marque “Ford T”  en Argentine.  On  le voyait dans son bolide  sillonnant les  routes mais a vitesse  tellement faible  que la tortue pourrait le dépasser facilement. Son voisin qui  le suivait d’un air agacé  l’interpela  un jour en ces termes: « mon cher Dalphus, à cette allure-là vous risquez de ne pas arriver à destination! » Dalphus lui rétorqua sèchement: « qui vous a dit que j’ai envie d’arriver à destination ? »

            J’ai essayé à maintes reprises d’oublier cette drôle histoire  mais en vain. Elle me revient à l’esprit chaque fois que je me trouve devant des comportements bizarres sinon incongrus. Je peux citer à titre d’exemple le fait de réduire la formation des journalistes au seul aspect éthique pour lequel on fait appel aux journalistes et experts étrangers. J’ai toujours attendu que son initiateur, avec la multiplication des cycles de formation dans les différentes wilayas du pays, y parvienne.

             Malheureusement je n’ai rien vu venir et j’ai fini par croire qu’il ne cherche nullement la formation des journalistes mais  par contre qu’il essaye seulement de ” faire rouler la machine”, à l’instar de Juan Carlos Dalphus, et de nous faire rouler avec en plus  !

             L’initiateur de cette formation a cru naïvement que les journalistes transgressent les règles d’éthique de la profession par ignorance et il a  pensé qu’il suffit de leur  faire apprendre qu’ils les mettent en œuvre. Cette vision-là considère que le journaliste est détaché de son entreprise  et perçoit qu’il évolue en dehors des conditions dans lesquelles il exerce sa profession. Certes,  certaines personnes  sont devenues journalistes sans qu’elles  ne  se soient préparées. C’est-à-dire sans avoir une formation adéquate qui leur permette d’appréhender les enjeux sociétaux et moraux du journalisme. Ces journalistes-là ont réellement un grand besoin d’être formés au  journalisme dans toutes ses dimensions et non pas  seulement éthique .

          Les organisateurs desdits cycles  de formation croient que les règles d’éthique ne sont que des ” prédications” professionnelles” que les experts étrangers peuvent  inculquer à nos journalistes! Et que le bon journaliste est celui qui les apprenne  par cœur et les applique scrupuleusement sans qu’il soit obligé de tenir en compte des intentions du média auquel il appartient et des contraintes de la profession.

             L’éthique journalistique n’est pas un concept creux, c’est une pratique assez complexe où se mêlent  le professionnel, le culturel et le philosophique. s’il y a un consensus autour du professionnel, par contre  les avis divergent sur sa dimension culturelle, philosophique et  idéologique. Certes le journalisme se distingue par un ensemble de principes déontologiques à caractère universel mais  la perception du corps, de la religion, de la mort par exemple diffère d’un système de valeurs à un autre et influe, par conséquent, sur la manière de traiter les sujets y en ayant trait.

              Les résultats de ces cycles de formation n’ont pas tardé à se manifester. Ils ont été illustrés par les journalistes eux-mêmes qui ont en bénéficié. Ces derniers ont désapprouvé le manquement à l’éthique de leurs formateurs étrangers lors de la dernière guerre sur Gaza  lesquels n’ont pas hésité à diffuser la propagande israélienne  en sacrifiant les règles déontologiques mais également  les principes professionnels.

Ce qui est plus grave avec  une telle conception de  la formation des journalistes c’est que ses prometteurs veulent,  vaille que vaille,  instaurer une éthique du journalisme sans se soucier de l’inapplication des lois qui régissent la profession et en absence du rôle régulateur de l’État et des structures d’autorégulation de la profession.

Croire à une telle démarche pour la formation des journalistes, c’est croire qu’on peut organiser la circulation routière en dehors du Code de la route, en invitant seulement les chauffeurs de véhicules à avoir une certaine éthique dans leur conduite !

———————————————————————————–

? De quoi rions-nous

Layadi Nacer-Eddine

L’Histoire nous enseigne que les évêques espagnols sont intervenus pour mettre fin à la polémique qui divisait, au XVIe siècle, les hommes de l’Eglise de la péninsule ibérique. Ces derniers débattaient de la question  suivante: les Amérindiens sont-ils des êtres humains normaux? Pour en avoir le cœur net, les évêques organisèrent, en 1550,  à Valladolid, une confrontation décisive  avec trois Amérindiens ramenés de leur tribu. Il s’agissait de vérifier si les intéressés éclateraient de rire devant les scènes satiriques qui leur étaient proposées, le rire étant considéré à l’époque comme une preuve tangible de l’appartenance à l’être humain.Des clowns et des bouffons, ramenés pour la circonstance,  jouèrent  leurs numéros, se moquant en particulier des hommes de religion et l’assistance finit par éclater de rire. Les Amérindiens, eux restèrent de marbre . La conclusion fut rapidement tirée : ils ne faisaient pas partie du genre humain. Cependant, il est à noter que ces mêmes Amérindiens éclatèrent de rire en sortant de la salle lorsque l’un d’eux fit un faux pas et dégringola tout en bas des escaliers!

En dépit de sa connotation raciste, cette histoire  nous interpelle sur le fait d’essayer de savoir ce qui nous fait rire aujourd’hui ou plutôt pourquoi rions-nous? En fait, si le rire est universel, ses raisons, elles, ne le sont, certainement, pas. C’est un produit purement culturel puisque ce qui fait rire une communauté peut faire grincer des dents une autre.
Dans son ouvrage ” De quoi rions-nous?” Olivier Mongin répond en définissant le rire comme une arme faite pour dominer notre peur. Peut-on alors en conclure que le rapport du rire à la peur est plus fort qu’il ne l’est à la gaieté? A en croire Olivier Mongin, notre propension au rire ne cesse de s’accroitre avec l’étendue de notre peur dans le monde moderne : la peur du lendemain,la crise économique, le retour des maladies des derniers siècles qu’on a cru avoir vaincues, la propagation des nouvelles maladies mystérieuses, l’effet des OGM – organismes génétiquement modifiés – et autres maux

Certains “médiologues” mettent en doute cette affirmation, non en réfutant les sources de notre angoisse, voire notre peur grandissante, mais en expliquant le recours  au rire par les médias pour des motifs économiques. Contrairement à ce que l’on croit, les médias ne préfèrent pas diffuser les émissions humoristiques et satiriques pour répondre seulement aux besoins de leurs publics. Ils le font aussi par nécessité pour satisfaire les publicitaires qui œuvrent pour placer leurs produits dans des émissions à grande écoute telle que le sport et l’humour

Peut-on en conclure que les émissions humoristiques peuvent facilement rassembler un large public qui en demande plus? Certaines chaines de la télévision libanaise ont en fait, à leurs dépens, l’expérience malheureuse. Afin d’attirer le plus grand nombre de téléspectateurs , elles n’ont pas hésité à diffuser des émissions humoristiques dans lesquelles la place des blagues à connotation sexuelle était prépondérante. Hélas ! elles n’ont récolté que la grogne et la désapprobation de leur public. Même les émissions à caméra cachée, qui ont proliféré ces dernières années, n’arrivent que rarement à faire rire leurs publics. Apparemment leurs promoteurs se sont  mal inspirés du livre d’Olivier Mongin dans la mesure où ils s’efforcent à nous faire peur, pardon rire !. Certes faire rire les Algériens en ces temps de grisaille n’est pas chose aisée, c’est la raison pour laquelle ils auraient dû braquer leurs cameras sur l’Algérien lambda. S’ils arrivent à le filmer à l’hôpital, au marché, face à une administration, bref  dans sa vie courante, sans scenario préétabli ni mise en scène  personne ne pourra retenir ses éclats de rire devant des scènes qui révèlent impatience, intolérance, hypocrisie, mépris, tricherie, passe-droit, bureaucratie et peut-être l’ignorance des uns voire sottise ou gentillesse des autres… Le rire, qui nous renvoie l’image de nous-mêmes, peut nous aider à supporter les tracasseries sinon les peines de notre quotidien. Ne dit-on pas que ” le rire c’est comme les essuie-glaces,  ça n’arrête pas la pluie mais ça permet d’avancer”?

 

%d مدونون معجبون بهذه: